vendredi 18 septembre 2015

Burkina Faso: une longue nuit de négociations en perspective

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Le général putschiste burkinabè Gilbert Diendéré et le président de la Cédéao Macky Sall, à Ouagadougou, 
 
Alors que l'Union africaine a annoncé que le Burkina Faso est désormais suspendu de toutes les instances au sein de l'organisation, le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, et le président du Bénin, Boni Yayi, sont à Ougadougou pour tenter une médiation. Ils doivent rencontrer tous les acteurs de cette crise : société civile, partis politiques, autorités de la transition, ainsi que les pustschistes.
Cet article est régulièrement actualisé,
Habituellement si riche et énergique, Ouagadougou est une ville éteinte. On lit sur le visage des rares passants la peur, l'inquiétude. Au loin, on peut apercevoir de longues colonnes de fumée. Ce sont des pneus que les manifestants opposés au coup d'Etat brûlent pour bloquer les rues. On entend également des tirs sporadiques d'armes automatiques, émanant, selon des témoins, d'éléments du Régiment de sécurité présidentiel, à l'origine du putsch du 16 septembre. Celui-ci veut éloigner la foule.
Macky Sall multiplie les rencontres
Cette crise burkinabè se joue aussi dans la suite 1006 de l'hôtel Laïko, suite où le président Macky Sall a engagé des concertations dès son arrivée. En ce moment, autour d'une grande table en bois sont réunis Jean-Baptiste Ouédraogo, l'ancien président, Mgr Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo Dioulasso, le général Zagré, chef d'état-major des armées, ainsi que les représentants de la Cédéao, de l'Union africaine et des Nations unies, qui ont suivi le coup d'Etat depuis deux jours. Le président sénégalais souhaite un point de situation.
Dans la foulée, selon un programme diffusé par l'entourage de Macky Sall sont prévues des rencontres avec des partis politiques. On ne sait pas si des cadres du CDP, l'ancien parti au pouvoir de Blaise Compaoré, seront présents.
Puis avec la société civile. Le mouvement du Balai citoyen exige un retour de la transition présidée par Michel Kafando. Mais ses membres vivent cachés, ils ne se sentent pas en sécurité. Ce simple rendez-vous avec la présidence présente des risques, selon Me Guy Hervé Kham, porte-parole du Balai citoyen : « Cela comporte des risques, nous l'avons signifié aux autorités, parce que nous savons que l'hôtel est occupé par des éléments du régiment de sécurité présidentiel, et nous avons signifié à nos futurs que cela pouvait représenter un danger, et assurance nous a été donnée. Nous sommes là. On ne sait pas ce qui va se passer sur le chemin du retour. Nous avons les partenaires des amis du Burkina qui sont là. Nous leur disons de faire respecter l'ensemble des instruments qui régissent le fonctionnement des institutions. »
Les messages à Macky Sall des partis l'ex-opposition
Par la suite, une autre entrevue est prévue avec Chérif Sy, président du parlement de transition. Et enfin avec l'homme dont tout le monde parle ici, celui qui a en personne accueilli Macky Sall à l'aéroport à la mi-journée, le général Gilbert Diendéré, chef du Conseil national pour la démocratie (CNT). Autant dire que la nuit s'annonce très longue pour les négociateurs et très compliquée car les divergences sont immenses.
De leur côté, les partis politiques de l'ex-opposition à Blaise Compaoré se sont concertés hier et aujourd'hui. Ils réclament de nouveau le rétablissement des institutions de la transition, l'arrêt de la répression et des attaques menées contre les médias par le RSP. Tel est le message qu'ils ont prévu de transmettre au président sénégalais Macky Sall.
« Le président Macky Sall a été le facilitateur qui a permis l'élaboration d'une charte de la transition, rappelle Benewendé Sankara, candidat au scrutin du 11 octobre pour le parti UNIR-PS. Concrètement, nous souhaitons que Macky Sall arrive à convaincre les militaires que leur place n'est pas au coeur de la présidence du Faso. Leur place n'est pas d'attenter à la charte de la transition, au traité de la Cédéao et à la charte de l'Union africaine. Je ne pense pas que l'on puisse être complice de ceux qui portent atteinte à l'ordre constitutionnel . Je me dis que Macky Sall ne va pas être complice de cela. Il est très attaché à la démocratie, il connaît bien sûr les règles démocratiques qui gouvernent la paix et la cohésion sociale pour ne pas créer une injustice dans une injustice. »

Willy Jean Louis, Redacteur en chef

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