jeudi 6 juillet 2017

Migration : Valéry Numa conseille les partants et les ressortissants déjà au Chili Publié le 2017-07-05 | Le Nouvelliste/Haiti Monde Info  National - L’afflux des migrants au Chili ces derniers jours s’est imposé en véritable sujet d’actualité. En un rien de temps, ceux qui abandonnent leur terroir à la recherche d'un mieux-être au pays de Michele Bachelet, grâce aux alléchants millions de billets verts transférés en Haïti, ont cessé d’être la risée générale. Ils sont en train d’imposer petit à petit le respect. Journaliste vedette et animateur de l’un des talk-shows les plus écoutés à travers le pays, Valéry Numa, réalisateur du documentaire à succès Destination Brésil, a tenu à placer son mot dans ce débat, question de partager l’expérience brésilienne des ressortissants haïtiens (débâcle pour bon nombre d’entre eux) qui, à bien des égards, peut profiter à ceux qui sont actuellement en partance ou déjà installées au Chili. « Chaque Haïtien qui quitte le pays pour se rendre au Brésil, au Chili, au Mexique ou ailleurs doit savoir qu’il part à l’aventure », souligne Valéry Numa, joint par téléphone, notant qu’ils mettent les voiles la plupart du temps sans savoir qui va les recevoir, s’il existe vraiment des possibilités d’emplois. En ce sens, il n’hésite pas à qualifier chaque migrant de héros. Même si les Haïtiens sont d'éternels nomades, toujours en quête d’un mieux-vivre hors de leur frontière, il se fait un devoir de les prévenir qu’ils doivent s’attendre à toutes sortes de surprises. Car, rien n’est garanti, selon lui. « Ceux qui partent ne le font pas de gaieté de cœur. S’ils avaient le choix, ils auraient choisi de rester dans leur pays », commente Valéry Numa, signalant que le jeu vaut rarement la chandelle. Très souvent, fait-il remarquer, le niveau de vie des Haïtiens qui partent se dégrade rapidement. Pour s’être rendu dans le pays de la samba pour les besoins du tournage de son documentaire, Valéry Numa en sait quelque chose. Il pointe comme exemple le salaire minimum au Brésil qui est fixé à 320 dollars américains par mois (entre 800 et 1000 reales) alors qu’il faut compter 600 reales pour pouvoir louer un petit appartement. « Pas moyen d’épargner dans ces conditions », concède-t-il mais, témoigne-t-il, les migrants haïtiens préfèrent vivre ainsi au Brésil car, tant bien que mal, ils parviennent à trouver un plat chaud quotidiennement. Par ailleurs, le volume d’envois de fonds de la diaspora haïtienne au Chili en Haïti – 36 millions de dollars en 2016 – traduit, selon Valéry Numa, la bonne santé de l’économie chilienne. Avant, dit-il, les Haïtiens se rendaient au Chili avant de traverser au Brésil parce qu’il y avait à l’époque beaucoup plus d’offres de « jobs » chez le géant sud-américain qui était à l’époque à cheval sur l’organisation de deux tournois majeurs sur son sol (Coupe du monde 2014 et Jeux olympiques 2016) et qu’il fallait construire des stades pour les accueillir. Maintenant, avec la récession brésilienne, la main-d’œuvre haïtienne fait le chemin inverse. Attention, avertit l’animateur de Vision 2000 à l’écoute, ce ne sont pas les Haïtiens qui sont à peine arrivés qui ont envoyé cet argent. Et les Haïtiens qui ont expédié ces transferts au pays ne roulent pas non plus sur l’or. « Ils sont conscients que la situation qu’ils ont laissée derrière eux est pire que ce qu’ils vivent au Chili », fait savoir Valéry Numa estimant que beaucoup de cet argent envoyé en Haïti sert à régler des dettes. « Pour le moment, ce n’est ni une opération de saisine ni d’investissement », indique ce dernier. Pour le réalisateur de Destination Brésil, la migration en soi n’est pas une mauvaise chose. Il y a des pays qui exportent, dit-il, leurs ressources humaines comme d’autres exportent des produits agricoles, des matières premières, faisant référence à Cuba qui est un grand producteur et exportateur de médecins à travers le monde. En guise de structuration de la migration, souvent perçue ici comme une horde d’infortunés qui vont chercher mieux-être ailleurs, Valéry Numa suggère la mise en place de conditions pour que les gens restent dans le pays ou qu’on s’arrange (les autorités) pour que ceux qui partent le font dans de meilleures conditions. « 9 Haïtiens sur 10 qui sont demandeurs d’un passeport ne souhaitent pas faire du tourisme mais au contraire veulent quitter le pays », signale Valéry Numa, qui promet de continuer à explorer la thématique de la migration après le succès retentissant de Destination Brésil. S’il dévoile l’existence d’une forte demande du public pour Destination Chili, le réalisateur annonce qu’il va prioriser de préférence l’angle d’intégration dans son prochain documentaire sur le Chili. Il va s’intéresser à comment les Haïtiens s’en sortent là-bas et dit s’attendre à ce que cela choque beaucoup de gens qui peuvent se dire qu’il encourage la migration au Chili. Mais, « on ne peut pas occulter la réalité », consent le réalisateur, qui travaille actuellement sur plusieurs projets à la fois. Parmi eux, un documentaire sur comment les gens qui se sont rendus aux États-Unis après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, moins de 10 ans plus tard, sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. Entre-temps, Valéry Numa continue d’apprécier le feed-back très positif pour Destination Brésil. « Sans vouloir exagérer, je ne crois pas qu’il existe aucun autre documentaire aussi publié que Destination Brésil », affirme-t-il mettant en avant une tournée dans 18 villes aux Etats-Unis ainsi que des voyages au Canada et en France pour faire des projections et animer des conférences-débats autour de la problématique de la migration. Haiti Monde Info Jnlouiswilly405@gmail.com

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