Les réfugiés qui passent actuellement nos frontières Ils savent qu’ils ne peuvent se présenter à une frontière pour demander le statut de réfugié, car ils seraient refoulés immédiatement vers les États-Unis. Or ce qu’ils veulent justement, c’est fuir les États-Unis, qui menacent, avec les règles annoncées par le président Trump, de les renvoyer en Haïti ou, pour les autres réfugiés, dans des pays en guerre ou victimes de terrorisme.
Pour ce qui est des Haïtiens, ces derniers ne souhaitent pas retourner en Haïti car la situation politique et économique y est horrible et les conditions de travail, affreuses sinon inexistantes. Ces gens ont presque tous coupé leurs liens avec leur pays d’origine et abandonné leurs biens et une partie de leur richesse. Rien ne les attend si on les refoule vers leur pays d’origine. Dans les deux cas, leur vie et leur sécurité sont en danger.
Ces gens vivent aux États-Unis depuis des années et ils ont adopté le style de vie de l’Amérique du Nord, y travaillent, y ont fait des études. Ils ne connaissent et ne pratiquent que les coutumes sociales et les valeurs économiques des États-Unis.
Croisée des chemins
La peur d’être refoulé est leur seule motivation à venir ici pour survivre et éviter une expulsion. Ils n’ont que trois options :
— attendre et prendre ainsi le risque d’être retourné dans leur pays d’origine, ce qu’ils ne veulent absolument pas ;
— s’en aller au Mexique en traversant la frontière sud des États-Unis, ce qui n’est pas très attirant quand on connaît la violence et la pauvreté générale du pays ;
— ne pas attendre l’expulsion et choisir d’aller au Canada en évitant les postes frontaliers.
Il est impossible pour eux de suivre la filière normale et de faire une demande à partir des États-Unis, le temps d’étude d’un dossier pour une demande de statut de réfugié étant d’environ sept ans et les actions de Trump risquant d’être plus rapides.
Les réfugiés cherchent toujours à aller vers les pays riches et pacifiques, et je crois que c’est notre cas. Dans ce contexte, je comprends leur choix.
Pour venir ici, ces gens ont souvent tout abandonné. Ils laissent aux États-Unis une bonne partie des biens qu’ils y avaient acquis avec le temps.
Tout ce qu’ils apportent en venant ici doit entrer dans des valises et des sacs qu’ils peuvent transporter. Plusieurs font le choix d’abandonner leur travail tellement leur crainte d’être refoulés par les règles de Trump leur est insupportable. Ces gens ne choisissent pas de venir ici avec le sourire aux lèvres : ils ont peur, ils sont terrorisés. C’est le propre des réfugiés.
Main-d’oeuvre
Les enfants qui accompagnent leurs parents ont aussi abandonné leurs amis, leurs compagnons de classe, leurs lieux de loisirs et une bonne partie de leurs jouets. Soyons humains, quel choix aurions-nous fait dans les mêmes circonstances ?
Sont-ils un plus ou une charge pour le pays ? Ils sont presque tous au minimum en début de leur scolarisation ou bien scolarisés, plusieurs ont des diplômes universitaires, ont souvent une bonne expérience de travail, ils savent faire et ont de l’expérience. Ils veulent travailler.
Dès qu’ils auront un permis de travail, ils devraient se trouver facilement un emploi, donc ne pas être trop longtemps à la charge de l’État. Je vous rappelle que le pays est en déficit de main-d’oeuvre, en particulier pour les tâches automatisées et répétitives. Fait intéressant, un grand nombre d’entre eux parlent le français. Enfin, ils ne sont pas plus malades que la population en général.
Ne croyez pas que leurs craintes sont dissipées en arrivant ici. Ils risquent de voir leur statut de réfugié refusé et d’être de nouveau refoulés vers les États-Unis ou leur pays d’origine. On se doute bien de ce qui leur arrivera dès qu’ils seront refoulés. Si j’étais dans la même situation, je ferais le même choix. Non, ce ne sont pas des tricheurs, ce sont des victimes de l’intolérance de Donald Trump.
Source: Le devoir.com
Alceus.Dilson
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